Sous les chroniques existe une partie immergée de l’iceberg littéraire qu’on aimerait vous faire partager. Voici notre top 10 des livres à lire en plus de ceux qu’on vous conseille !
1. Ladies with guns, tomes 1 et 2 d’Olivier Bocquet et Anlor : un western pétaradant à la sauce féministe.
Une veuve britannique, une institutrice gay, une esclave noire, une indienne et une prostituée, dont les vies se retrouvent unies par le machisme, survivent à une l’attaque mortelle d’un groupe d’hommes déchaînés. Armées de dynamite, elles comptent bien régler l’affaire qui les occupe en retournant en ville où le danger les attend. Une BD effrénée et explosive !
éditions Dargaud, 16.50 euros.
2. L’octopus et moi d’Erin Hortle : l’année des pieuvres.
Victime d’un cancer, Lucy doit composer avec un nouveau corps suite à sa mastectomie. Mal à l’aise après la reconstruction de sa poitrine qui attire le regard de son entourage, elle interroge l’authenticité des choses. De ses seins, de son corps de femme, de son couple, mais aussi de son lien à la nature, aux animaux qui habitent cette presqu’île de Tasmanie. Du sauvetage d’une pieuvre en pleine nuit, qui manque de lui coûter la vie, naît l’évidence qu’elle doit se reconstruire intégralement et ce, sans implants, redessiner les contours d’un corps, tatouer le corps pour s’aimer à nouveau et résoudre ses conflits intérieurs. Sur fond de crise écologique (faut-il conserver les usages coutumiers, la consommation d’animaux marins ou faut-il préserver radicalement les espèces ?) Erin Hortle exprime tout en finesse la complexité des relations humaines et interespèces. Une écriture inspirée qui joue du déplacement de point de vue avec brio. Vous apprécierez la scène de sexe chez les phoques !
éditions 10/18, 9.20 euros.
3. Adieu triste amour de Mirion Malle : l’intime bouleversé.
Après le remarquable et remarqué C’est comme ça que je disparais, Mirion Malle revient avec Adieu triste amour. Dans cette tranche de vie douce-amère et très « nouvelle vague », nous suivons le parcours de Cléo, jeune autrice de BD qui quitte tout du jour au lendemain : une ville (Montréal), un amour dont elle doute et une vie à laquelle elle se sent étrangère. De l’hiver au printemps, du festival d’Angoulême à la Gaspésie, en passant par Montréal, nous la suivons et nous assistons à la naissance d’une nouvelle Cléo, libre de créer, de vivre, d’aimer et d’être tout simplement elle-même.
Comme toujours, Mirion Malle nous entraîne au plus près de son héroïne et de ses émotions au fil de pages superbes rehaussées d’une mise en couleurs remarquable.
éditions La Ville brûle, 20 euros.
4. Le monde est à toi de Martine Delvaux : Lettre à ma fille
Un texte adressé. Une mère transmet à sa fille de 14 ans ses conseils pour aborder sa vie de femme, prônant l’ouverture à l’altérité, l’indépendance, la confiance en soi. Elle distille les citations de chanteuses, artistes, penseuses célèbres comme Bell Hooks ou Kae Tempest. Après Chère Ijawaele de Chimananda Ngozi Adichie, une autre confession de mère à fille en forme de manifeste féministe. Une prose gonflée d’amour, un essai réussi pour cette autrice québécoise !
éditions Les Avrils, 17 euros.
5. La vie têtue de Juliette Rousseau : au revoir tristesse !
Depuis la maison familiale où elle est revenue habiter, une femme, s’adressant à sa sœur disparue, convoque les souvenirs de leur enfance. Porteuse d’un lourd passé de violences patriarcales, elle explore les possibilités de survivre à cet héritage, dans un paysage rural dévasté, où les haies ont disparu et où la forêt se fait moins dense, cernée par les champs de maïs industriels.
Avec ce récit composé de courts chapitres, Juliette Rousseau nous offre un premier texte littéraire poignant, sensible et lumineux qui rend hommage aux femmes de sa famille.
éditions Cambourakis, 15 euros.
6. Les hirondelles se sont envolées avant nous de Hala Mohamad : le chant d’exil.
Damas et Alep sont les villes que la poétesse sait perdues à jamais. La guerre a fait son oeuvre de destruction, mais la poésie, elle, chante l’amour au pays natal. Les pages de l’édition bilingue proposent en miroir l’arabe et le français, comme deux points géographiques dont on passe de l’un à l’autre, sur les routes de l’exil. L’hirondelle, l’oiseau migrateur qui annonce le retour éternel des saisons, passe et repasse à travers les textes, proposant un fil aux souvenirs des odeurs, des sons, des bruits du paradis perdu. Hala Mohamad manie la grâce des mots comme personne, une belle traduction proposée de l’arabe syrien vers notre langue !
Où que je passe en ce monde
le vent s’attarde dans les arbres
Et les arbres répandent leurs feuilles sur mon cheminPour m’accoutumer au chemin, me dis-je
Pour t’accoutumer à l’absence, me disent les arbres.
éditions Bruno Doucey, 15 euros.
7. Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon : la nuit n’oublie pas.
« Le 18 août 2021, j’ai passé la nuit au Musée Anne Frank, dans l’Annexe. Anne Frank, que tout le monde connaît tellement qu’il n’en sait pas grand-chose. Comment l’appeler, son célèbre journal, que tous les écoliers ont lu et dont aucun adulte ne se souvient vraiment.
Est-ce un témoignage, un testament, une œuvre ?
Celle d’une jeune fille, qui n’aura pour tout voyage qu’un escalier à monter et à descendre, moins d’une quarantaine de mètres carrés à arpenter, sept cent soixante jours durant. La nuit, je l’imaginais semblable à un recueillement, à un silence. J’imaginais la nuit propice à accueillir l’absence d’Anne Frank. Mais je me suis trompée. La nuit s’est habitée, éclairée de reflets ; au cœur de l’Annexe, une urgence se tenait tapie encore, à retrouver. »
éditions Stock, 19.50 euros.
8. Detransition Baby de Torrey Peters : un soap contemporain en milieu trans. (éditions Libertalia)
« Pour le commun des mortelles trans, la route était barrée dès le début. Pas de taf, pas de mariage, pas de bébé, et, si une femme trans pouvait être une muse, personne ne voulait d’une œuvre où elle s’exprime elle-même. »
Ames, Reese et Katrina vivent à New York. Par le passé, Amy et Reese formaient un couple de femmes trans. Puis Amy a détransitionné pour devenir Ames et a rencontré Katrina. Il reste abasourdi quand elle lui annonce sa grossesse, persuadé d’être stérile après avoir pris des hormones pendant de nombreuses années. Il a beaucoup de mal à accepter de devenir père et pense pouvoir le faire à une seule condition : impliquer son ex, Reese, qui a toujours rêvé d’être mère. Iels vont alors tenter d’inventer une famille queer où chacun·e pourrait trouver sa place.
éditions Libertalia, traduction de Lena Lambla-Kerveillant. 20 euros.
9. Comme des bêtes de Violaine Bérot : étrange enquête au cœur des Pyrénées.
La montagne. Un village isolé. Dans les parois rocheuses qui le surplombent, se trouve une grotte appelée ’la grotte aux fées’. On dit que, jadis, les fées y cachaient les bébés qu’elles volaient.
À l’écart des autres habitations, Mariette et son fils ont construit leur vie, il y a des années. Ce fils, étonnante force de la nature, n’a jamais prononcé un seul mot. S’il éprouve une peur viscérale des hommes, il possède un véritable don avec les bêtes.
En marge du village, chacun mène sa vie librement jusqu’au jour où, au cours d’une randonnée dans ce pays perdu, un touriste découvre une petite fille nue. Cette rencontre va bouleverser la vie de tous…
éditions Libretto, 7.40 euros.
10. Féminin de Claire Touzard : l’envers des paillettes.
Quelques années avant la révolution #metoo, Frankie intègre l’équipe d’un journal féminin. Très vite, cette journaliste engagée, militante féministe, se laisse séduire par cet univers de paillettes et d’avantages. Elle ne sait pas encore que le lent étiolement de ses idéaux va la mener au pire. Quand un homme est nommé à la tête de la rédaction, sa vie change brutalement. Frankie va tomber, et sa chute sera terrible.Féminin interroge notre capacité à préserver nos valeurs dans un monde violent. Il analyse aussi les faux récits qui nous gouvernent. Des mensonges qui viennent abattre les femmes, jusque dans les lieux censés les protéger.
éditions Flammarion, 19,90 euros.
Elle rêvait de tenir un ranch dans le Wyoming, mais sa phobie de l’avion l’a poussée à embrasser la carrière d’enseignante à Montreuil pour partager sa passion des grands espaces littéraires.