Les parutions féministes de la rentrée

Chaque mois – ou presque –, nous vous proposons un agenda des parutions féministes. Romans, essais, bandes dessinées… vous avez le choix ! Ces ouvrages sont disponibles en librairie et parfois empruntables à la Féministhèque. Les livres proposés n’ont pas forcément été lus par Les Missives (par manque de temps), il s’agit des annonces de publications, par les éditeurs. Nous attendons vos avis.

Essais

Les grandes oubliées, pourquoi l’histoire a effacé les femmes, de Titiou Lecoq, préface de Michelle Perrot

« L’Histoire revisitée sous l’angle féminin : raconter et comprendre ce grand oubli dans lequel sont tombées les femmes de la Préhistoire jusqu’à nos jours.

« On nous a appris que l’histoire avait un sens et que, concernant les femmes, elle allait d’un état de servitude totale vers une libération complète, comme si la marche vers l’égalité était un processus naturel. Ce n’est pas exact. On a travesti les faits. On a effacé celles qui avaient agi, celles qui, dans le passé, avaient gouverné, parlé, dirigé, créé.»

À la préhistoire, les femmes chassaient, au Moyen Âge, elles étaient bâtisseuses de cathédrales ou encore espionnes durant la guerre de Cent Ans ; au XIXe siècle, elles furent journalistes… À chaque époque, elles ont agi, dirigé, créé, gouverné mais une grande partie d’entre elles n’apparaissent pas dans les manuels d’histoire. Dans la lignée des travaux de Michelle Perrot, Titiou Lecoq passe au crible les découvertes les plus récentes. Elle analyse, décortique les mécanismes, s’insurge, s’arrête sur des vies oubliées pour les mettre en lumière. Sa patte mordante donne à cette lecture tout son sel. Les femmes ne se sont jamais tues. Ce livre leur redonne leur voix.

Une autrice féministe qui a l’art de conjuguer rigueur universitaire et patte humoristique. »

16 septembre 2021, L’Iconoclaste, 20 euros 90

Le genre expliqué à celles et ceux qui sont perdu·es, Aline Laurent-Mayard

« Nous vivons une période pleine de bouleversements.

Si vous ouvrez ce livre, c’est que vous voulez comprendre. Comprendre ce que veulent dire des mots comme « non-binarité », « pansexualité », « transparentalité », « cisgenre », « fluide », « demisexuel », « LGBTQ+ »… Comprendre pourquoi votre fils refuse que vous offriez des jouets roses à votre petite-fille. Comprendre pourquoi votre voisine affiche un drapeau arc-en-ciel à son balcon. Bref, comprendre le genre et les sujets qui tournent autour.

Pour vous aider à vous y retrouver, ce livre-guide donne, avec clarté et pédagogie, des clés pour répondre à vos questionnements. Définitions, polémiques, comptes à suivre, livres, séries, films, documentaires de référence, glossaire des mots incontournables… : vous aurez enfin les outils pour ne plus être perdu·es ! »

14 octobre 2021, Buchet Chastel, 19 euros 50

Sortir de l’hétérosexualité, de Juliet Drouar

« Et si nous étions des personnes plutôt que des femmes ou des hommes ? Notre société trie les enfants à la naissance en fonction de leurs organes génitaux et en déduit leur rôle : homme ou femme, dominant ou dominée. Mais la société ne s’arrête pas à cette différenciation arbitraire. Vient ensuite la mise en relation obligatoire : chaque dominée devra vivre en couple avec un dominant. Le tout, paraît-il, pour assurer la reproduction, donc la survie de l’espèce.
Mais dans ce cas, pourquoi être obligé de vivre en couple, toute sa vie ? Se reproduire ne prend pas autant de temps… Bien plus qu’une préférence amoureuse ou une nature, l’hétérosexualité n’est-elle pas une contrainte sexiste ? Sortir de l’hétérosexualité est un manifeste pour une société égalitaire qui produit des personnes plutôt que des hommes et des femmes. Pour une société qui repense la manière de faire communauté, d’habiter, d’aimer, de baiser sans sexisme. »

21 septembre, Binge Audio, 15 euros

No Bra, Ce que ma poitrine dit de moi, de Gala Avenzi

« « Il paraît qu’elle en dit long sur moi, ma poitrine. Il paraît qu’il vaut mieux en avoir une grosse, pour plaire aux garçons. Il paraît qu’on s’en fiche, qu’elle plaise ou non aux femmes. Il paraît qu’elle doit être grosse, mais pas trop, sinon c’est vulgaire. Il paraît que si on m’insulte, c ’est ma faute parce qu’on la voyait trop. »
Pour des questions de confort, de plus en plus de femmes deviennent adeptes du No Bra. Pour Gala Avanzi, s’émanciper de son soutien-gorge est aussi un acte militant. C’est une arme pour dénoncer le sexisme ordinaire, la culture du viol et les injonctions à la beauté, souvent contradictoires, subies par les femmes, mais aussi l’hypersexualisation de la poitrine, trop petite, trop grosse, trop décolletée, trop rembourrée, trop découverte, trop cachée, etc.
Et si pratiquer le No Bra permettait de se libérer du contrôle exercé sur le corps des femmes ? De défier ses complexes et de se réapproprier son corps en combattant l’idée reçue que des seins parfaits, ronds et rebondis existent ? Et si c’était bien plus que le simple fait de ne pas porter de soutien-gorge ?
À la lumière de sa propre expérience, d’études scientifiques et sociologiques et de l’histoire, Gala Avanzi donne des clés pour se défaire des diktats et avancer vers un peu plus de liberté. »

22 septembre, Flammarion, 17 euros 90

Nos amours radicales – 8 visions singulières pour porter un regard nouveau sur l’amour

« La débrouillardise pimpante – Sharone Omankoy
Amours en addition – Léane Alestra
Amour et déconstruction – Emanouela Todorova
Amour(s) en lutte – Lou Eve
Le couple en soi – Axelle Jah Njiké
Alors, saute ! – Nanténé Traoré
L’amour impossible : entre proies et prédateurs – Sabrina Erin Gin
Le feu qui nous sépare – Anaïs Bourdet

Recherchés avidement, fantasmés, désirés envers et contre tout, les espaces amoureux sont, depuis toujours, présentés comme la finalité absolue de ce que l’on peut attendre d’une relation avec l’autre. L’injonction au couple et la pression sociale qui l’entoure dictent notre façon de vivre avec les autres… Et avec nous-même.

Considéré dans notre société comme la voie rapide vers le bonheur, l’amour amoureux est encore trop peu remis en question, trop peu repensé, notamment à travers le prisme des avancées sociales et féministes de ces dernières années. Et si l’on porte volontiers un œil attendri sur ces espaces amoureux, ils sont également des terrains propices à la reproduction des schémas de domination patriarcale.

L’amour amoureux est-il le seul qui importe ? Couple hétérosexuel et féminisme sont-ils compatibles ? Quel est le poids des inégalités sociales ou raciales sur le couple ? Qu’est-ce que notre manière d’être avec l’autre veut dire de nous ? Comment construire nos relations intimes en suivant des principes d’équité, qui ne sont pas encore acquis dans la société au sein de laquelle nous évoluons ? Ce sont autant de questions que se posent les auteur·ices de l’ouvrage. Qu’iels soient militant·es, auteur·ices, travailleur·euses sociales ou créateur·ices de contenu, iels sont tou·tes féministes et engagé·es dans une démarche de déconstruction de la place que peut avoir l’amour amoureux dans notre société. Iels livrent ainsi des réflexions tendres, incisives et radicales, en nous proposant une autre vision de l’amour, envers soi et envers l’autre : l’amour comme acte militant, émancipateur, et d’ores et déjà synonyme de révolution. »

1 septembre 2021, Hachette, 19 euros 95

Ursula K. Le Guin, De l’autre côté des mots

« Ursula K. Le Guin est une autrice majeure du monde de la science fiction et de la fantasy. Elle a laissé des chefs d’oeuvres comme La Main Gauche de la NuitLes Dépossédés ou Le Nom du monde est Forêt. Elle a aussi laissé son empreinte sur les littératures de l’imaginaire et au-delà en explorant des thématiques ethnologiques, féministes, politiques, anarchistes, psychologiques ou sociétaux.

De l’autre côté des mots cherche à lui rendre hommage, dans une monographie qui explore son oeuvre à travers des articles, des interviews et des essais, afin de découvrir qui elle était et de décrypter son influence qui perdure de nos jours.L’ouvrage est mené d’une main de maître par David Meulemans, dirigeant sous sa houlette de nombreux auteurs : « Elisabeth Vonarburg, Thomas Spok, Marc Atallah, Aurélie Thiria-Meulemans, Carole Fillière, Olivier Cislevski, Alice Caradebian, Gwennaël Gaffric, Gheorghe Sàsàrman, Florence Klein, Francis Guevremont, Vivien Féasson, Xavier Dollo, Franck Thomas, Adrien Pauchet, Jeanne- Dans Débats, Stéphanie Nicot, Vincent Bontems, Bernard Heinniger, Olivier Paquet, Claude Ecken, Xavier Mauméjean, David Creuze, Pierre-Paul Duranstanti, Caroline-Isabelle Caron, Vert Clara, Ketty Steward, Luvan, Gérard Klein. »

20 août 2021, éditions Actusf, 30 euros

Le Complexe de Diane, de Françoise d’Eaubonne

« Réédition du premier texte théorique de Françoise d’Eaubonne, intellectuelle et militante à l’origine du concept d’éco-féminisme, dont la pensée iconoclaste suscite en 2021 un fort regain d’intérêt.

À la sortie du Deuxième Sexe, Françoise d’Eaubonne écrit à Simone de Beauvoir :  » Vous êtes un génie, vous nous avez toutes vengées ! » Pourtant l’essai est loin de faire l’unanimité. Ses détracteurs sont nombreux et virulents, comme François Mauriac, qui voit dans ce livre  » un danger pour l’individu, la nation et la littérature elle-même « . Françoise d’Eaubonne est alors une romancière de trente et un ans. C’est d’abord pour répliquer à ces critiques masculines et conservatrices qu’elle se lance dans un essai théorique. Bien décidée à défendre Le Deuxième Sexe, elle veut aussi avec Le Complexe de Diane faire la synthèse entre lutte des classes et lutte féministe, et entreprend de contrer les préjugés sexistes encore présents dans la psychanalyse et le communisme. Convaincue que Marx n’est pas allé assez loin dans sa conception de la révolution prolétarienne, elle lui reproche de ne pas avoir remis en cause la structure de la famille, source d’inégalités flagrantes entre hommes et femmes. Chez Freud, elle remet en question la notion d’  » envie du pénis « , attribuée aux femmes révoltées, et montre que leur refus de se soumettre à leur destin (le mariage et la maternité), loin d’être pathologique, relève d’une aspiration légitime. Quant à leur supposé masochisme, sur lequel les adeptes de la psychanalyse s’étendent beaucoup pour expliquer leur soumission ou, même, leur infériorité, elle le conteste avec ferveur. S’appuyant sur la figure mythologique de Diane chasseresse, elle affirme que la nature féminine est une construction sociale qui tend à justifier la domination masculine en vertu d’un patriarcat nécessaire et éternel. Elle se penche sur des modèles alternatifs, hérités de sociétés matriarcales archaïques et se montre d’une modernité remarquable lorsqu’elle se penche sur le concept d’éros féminin, absent du livre de Simone de Beauvoir. Les conclusions de son ouvrage mettent l’accent sur une bisexualité originelle de tous les individus, et annoncent ses livres et ses combats futurs, qu’ils soient féministes, écologistes ou libertaires. »

14 octobre 2021, Julliard, 16 euros

Un Corps à soi, de Camille Froidevaux-Metterie

« Longtemps, les femmes n’ont été que des corps, définies par leurs fonctions sexuelle et maternelle. La révolution féministe les a délivrées de ce carcan, mais elle a aussi dévalorisé le corps féminin. N’est-il pas pourtant le nœud singulier de notre rapport à nous-même et au monde ?

À partir d’une relecture de Simone de Beauvoir, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie propose de le saisir sous ses deux aspects : lieu de la domination masculine et vecteur d’une pleine émancipation. Sa pensée progresse au fil d’une exploration de ces événements corporels qui scandent la vie des femmes, de l’enfance empêtrée à la ménopause invisibilisée, de la honte adolescente à la découverte de la jouissance, de l’épreuve du réel maternel aux ravages de la violence sexuelle. Au fil de ces étapes, où l’écriture en première personne résonne avec les voix plurielles des femmes, l’autrice pose les jalons qui leur permettront de reprendre possession de leurs corps, jusqu’au plus intime d’elles-mêmes. Son féminisme incarné s’attaque au socle même du patriarcat et renouvelle, à l’écoute des luttes les plus contemporaines, les fondements théoriques du féminisme. »

2 octobre 2021, Le Seuil, 23 euros

Une bibliothèque féministe, collectif

« Un livre peut changer une vie.
Romancières, artistes, intellectuelles… Ces figures emblématiques du féminisme ont accepté de confier ici le livre qui les a transformées. La langue est sans détour, leur sincérité, absolue. Avec elles, on relit les incontournables, on découvre des textes méconnus, on se forge en chemin.
Voici, racontées par elles : Virginie Despentes, Audre Lorde, Ysiaka Anam, Nnedi Okorafor, Simone de Beauvoir, Fanny Raoul, Susan Sontag, Françoise d’Eaubonne, Denis Mukwege, Djaïli Amadou Amal, Camille Claudel, Virginia Woolf, Alison Bechdel, Alexandra Kollontaï, Liv Strömquist, Annie Ernaux, Chris Kraus. »

14 octobre 2021, L’iconoclaste, 20 euros 90

Bandes dessinées

Dans le palais des miroirs, de Liv Strömquist

« Aujourd’hui, peaufiner la façon dont chacun se présente dans une photo occupe une partie considérable de notre quotidien. Cela est vrai en particulier pour les femmes qui doivent maintenant l’entretenir tout au long de leur vie. En affichant toutes les photos publiques d’elle-même chaque femme est devenue une «célébrité» et chaque jour nous sommes accablés par des milliards de photographies et de selfies de femmes magnifiques, dont la beauté est à la fois célébrée, idéalisée et appropriée par le capitalisme qui en a fait une marchandise. Dans les pages de Dans le palais des miroirs, Liv Strömquist analyse l’idéal contemporain de beauté féminine développant sa réflexion en cinq différents volets qui explorent tour à tour ce sujet sous un angle différent. Liv Strömquist y décortique les raisons du succès de l’influenceuse Kylie Jenner, évoque le mythe biblique de Jacob, Rachel et Léa ou les déboires de l’impératrice Sissi, s’attarde sur la fameuse dernière séance photos de Marilyn Monroe ou analyse le personnage de la belle-mère de Blanche-Neige. Autant de thèmes choisis pour nous parler du désir mimétique qui nous pousse à nous imiter les uns les autres, du lien étroit entre apparence et amour, de la façon de photographier aujourd’hui les femmes, du changement du rapport entre âge et beauté et de comment l’image de soi peut devenir un encombrant fardeau. Fidèle à son style, toujours tranchante, ironique et drôle, Liv Strömquist appuie ses propos sur les faits et gestes d’une foule de personnages historiques, acteurs et stars de la télé tout autant que sur la pensée de philosophes, historiens et sociologues. »

22 octobre 2021, éditions Rackham, 22 euros

Enfances Perdues, de Agnès Naudin, Jean-Claude Bartoll, Eric Nosal

« Une jeune capitaine de police, fraîchement nommée au sein de la brigade territoriale de protection de la famille, découvre un nouvel environnement professionnel où la lutte contre la maltraitance, le viol et la pédophilie rythme le quotidien des policiers.

Enquêter sur des affaires toutes plus sensibles les unes que les autres, braver les lourdeurs de l’administration tout en menant une vie de mère célibataire, c’est palpitant, mais on en sort rarement indemne…

Agnès Naudin, la co-scénariste de ce troublant roman graphique, fut, il y a peu, capitaine de police au sein de la brigade territoriale de protection de la famille. Forte de son expérience personnelle, elle nous livre un récit haletant qui nous plonge dans le monde des maltraitances familiales et de ceux qui les combattent. »

22 septembre, Robinson, Hachette, 19,99 euros

Pas prêtes à se taire, Esther Meunier & Léa Castor

« Louise Michel, Rokhaya Diallo, Françoise Héritier, Amandine Gay, Gisèle Halimi ou encore Adèle Haenel… 35 féministes françaises contemporaines, d’autres moins, dessinées et présentées par le biais de leurs nombreuses citations, afin de laisser une place à la parole de ces femmes qui n’ont pas toujours été entendues. Un livre fort pour la liberté d’expression, où chaque citation est liée à un moment important de la biographie de ces femmes, et fait écho avec l’époque que nous traversons. »

25 juin 2021, éditions Lapin, 16 euros

La Servante écarlate, le roman graphique

« Provocant, déconcertant et prophétique, La Servante écarlate est un phénomène mondial.
Une adaptation graphique originale et stupéfiante du roman de Margaret Atwood, superbement illustrée par l’artiste Renée Nault.

Dans la république de Galaad, les femmes n’ont plus aucun droit. Vêtue de rouge, Defred est une « Servante écarlate » à qui l’on a ôté jusqu’à son nom. Réduite au rang d’esclave sexuelle, elle a été affectée à la famille du Commandant et de son épouse et, conformément aux normes de l’ordre social nouveau, met son corps à leur service. Car à une époque où les naissances diminuent, Defred et les autres Servantes n’ont de valeur que si elles sont fertiles. Sinon…
Dans une description d’une force peu commune, Defred se remémore le monde d’avant, quand elle était une femme indépendante, jouissant d’un emploi, d’une famille et d’un nom à elle. Aujourd’hui, ses souvenirs et sa volonté de survivre sont de véritables actes de rébellion. »

28 octobre 2021, Robert Laffont, 23 euros

Roman

Comme nous existons, de Kaoutar Harchi

« Kaoutar Harchi mène dans ce livre une enquête autobiographique pour saisir, retranscrire au plus près cet état d’éveil, de peur et d ‘excitation provoqué, dit-elle, « par la découverte que nous – jeunes filles et jeunes garçons identifiés comme musulmans, que nous le soyons ou pas d’ailleurs – étions perçus à l’aube des années 2000 par un ensemble d’hommes et de femmes comme un problème. » Un livre où l’amour filial et l’éveil de la conscience politique s’entremêlent dans une langue poétique et puissante. »

Août 2021, Actes Sud, 17 euros