Tchika magazine, le premier magazine papier d’empouvoirement pour les filles de 7 à 12 ans a lancé un nouveau crowdfunding, jusqu’au 26 juin, pour lancer le nouveau média Tchikita, pour filles et garçons de 4 à 7 ans.
Nous avons posé quelques questions à la créatrice de ses superbes revues, Elisabeth Roman.
Comment vous est venue l’idée de créer Tchika et Tchikita ?
Je suis journaliste dans la presse enfant depuis presque 30 ans. Mon dernier poste était rédactrice en cheffe de Science et Vie découvertes, le Science et Vie pour les 7 à 12 ans. Au bout de 10 ans de bons et loyaux service, j’en suis partie avec l’idée de créer un magazine scientifique pour les filles car je me rendais compte que SVD s’adressait finalement trop aux garçons (60 % d’abonnés). Je suis donc allée voir la presse dite pour filles… et je me suis dit qu’il y avait vraiment un autre magazine à faire pour elles. Un magazine d’empouvoirement. C’était il y a deux ans et ça a fonctionné tout de suite. Tchikita, c’est venu naturellement. Je l’ai destiné aux plus petites et aux plus petits (contrairement à Tchika qui n’est au départ que pour les filles. J’explique pourquoi dans mon manifeste à lire sur mon site Internet) car à cet âge-là le stéréotype « la lecture ce n’est pas pour les garçons » n’existe pas encore vraiment. Pour moi, c’est un outil aussi pour les parents qui pourront encourager le sens critique de leur enfant.
Trouvez-vous que l’édition jeunesse est encore minée par les représentations stéréotypées ?
La littérature jeunesse est bien en avance sur les autres médias destinés aux enfants et ce depuis quelques années : la presse magazine, la télé, les jeux vidéo, les dessins animés sont en train de prendre le train de la diversité. Donc au milieu des milliers de livres qui sortent chaque année, il y a vraiment de plus en plus de livres non stéréotypées.
Savez-vous si beaucoup de garçons lisent Tchika ?
Il y en a un peu et c’est chouette. Mais je tiens à garder cet espace de non-mixité même si certains décrient cette idée. De plus à cet âge, la majorité des garçons pensent que la lecture c’est nul (stéréotype). Pour les ouvrir à leur propre empouvoirement, il faut, selon moi, leur proposer des choses plus concrètes comme des ateliers ou des jeux vidéo.
Comment déconstruire les représentations genrées, bien souvent en défaveur des filles, encore si présentes à l’école et dans la société ?
Les messages, l’éducation, l’encouragement du questionnement. Mais c’est un grand combat car la société a intérêt à être genrée. Rien que pour une question économique. Que feraient les magasins de jouets et de vêtements si soudainement, le partage rose et bleu n’existait plus ?
Comment choisissez-vous les sujets traités ?
On réfléchit, on lit, on s’informe 🙂 Et on a aucun tabou. Nous sommes le premier magazine pour enfants à avoir fait sa une l’an dernier, sur les premières règles et ce numéro de Tchika a cartonné.
Vous êtes-vous entourée d’une équipe qui partage vos convictions ?
Oui totalement. Ce serait difficile de travailler avec des personnes qui ne seraient pas engagées sur ce combat.
Il y a un magazine papier mais Tchika et Tchikita existent t-ils sur d’autres supports ?
Non. Les enfants passent suffisamment de temps sur leur tablette. Tchika et Tchikita, avec leur message primordial, se doivent de rester sur un support physique et ne pas se perdre dans les limbes d’une tablette, entre un jeu vidéo et Tiktok.
Rien ne semble vous arrêter. Avez-vous d’autres projets ?
Ah oui ! Pleins et pas que des magazines papiers. Mais en magazines papier, on pense à un mag pour les plus grandes et aussi un magazine enfants sur le sauvetage de notre planète. Nous souhaitons rester un petit groupe de presse pour enfants avec des magazines engagés ! On pense que changer le monde ça commence à la naissance.
Voici les liens pour participer au crowdfunding et pour le site de Tchika
Éveillée au féminisme – entre autres – par Simone de Beauvoir, énervée par les inégalités et le sexisme insidieux, apaisée par les livres et motivée par la réflexion, elle a créé ce site. Car lire, c’est bien mais partager ses lectures, c’est encore mieux.