À notre plus grande joie, la jeune Florence de Pucelle, est de retour dans nos librairies depuis le 21 mai 2021. Après le premier volet Débutante, Florence Dupré de la Tour poursuit son récit autobiographique, avec son humour toujours aussi piquant, dans ce nouvel opus intitulé Confirmée.
Déjà présentent dans les premières bulles de Pucelle, les aquarelles roses de Florence Dupré de la Tour, dépeignent cette fois-ci, une Florence adolescente de 13 ans. Elle poursuit sa vie d’expatriée entre la Guadeloupe et Lyon où elle expérimente solitairement et douloureusement sa construction de femme.
« La chose qui ne doit pas être nommée »
Le thème de la sexualité, largement abordé dans le premier volume, est toujours aussi présent pour la suite de cette autobiographie. La petite Florence a compris dès son plus jeune âge qu’une « chose » lui échappait dans sa famille où la sexualité est une véritable omerta. La sexualité est alors une source de souffrance et de peur pour notre protagoniste. Pourtant, désormais adolescente, la « chose » réveille Florence. Entre honte et incompréhension, elle découvre peu à peu son corps, véritable fruit défendu, seule à l’abri des regards familiaux et des diktats religieux. Il faut dire que les cours d’éducation sexuelle à l’école ou dans une colonie de vacances religieuse ont de quoi la traumatiser. Tout y passe, le déchirement et la perforation de l’hymen, la vague de sang, « les enfants détruits » par l’IVG. Cette éducation sexuelle, décrite par l’autrice comme froide et clinique, souligne avec une plus grande force les ravages de la désinformation et des silences autour de la sexualité et la construction des inégalités de genre qui en découle.
« J’entrais dans l’apprentissage de la douleur »
À côté de la thématique de la sexualité, c’est celle de l’apprentissage de la douleur par les femmes qui est au cœur de cette nouvelle BD. Florence Dupré de la Tour se dessine, adolescente, empruntant ce nouveau chemin « réservé aux filles ». Cette voie inévitable pour cette adolescente est parsemée de tous les objets tranchants, piquants possibles et imaginables. Ils font mal, physiquement et psychiquement. Florence a mal et les lecteurs et lectrices le ressentent. L’autrice raconte grâce à ses pinceaux, ce passage obligatoire pour les adolescentes et met en lumière le conditionnement des femmes face à cette douleur. Celle-ci doit être présente dans toutes les étapes de la construction sociale des femmes : les menstruations, la vie sexuelle, les rapports sociaux et affectifs, la grossesse. Toutes ces injonctions, dessinées par Florence Dupré de la Tour, rappellent ces règles patriarcales bien connues. Ne faut-il pas souffrir pour être belle ? Ne faut-il pas enfanter dans la douleur ? La jeune Florence expérimente seule cette « sorte d’école » de la douleur à travers l’épilation, le premier rapport sexuel, les règles, l’insertion d’un tampon hygiénique. En plus de la douleur, l’autrice rappelle l’apprentissage de la soumission des corps des femmes aux hommes, mettant en avant le vécu des premières violences sexistes et sexuelles.
Toujours aussi puissante, même dure, cette bande dessinée, prend littéralement les lecteurs et les lectrices aux tripes. Grâce à sa tonalité rosée et satirique, l’autrice poursuit, dans ce nouveau volet de Pucelle, son œuvre engagée et féministe. L’histoire de cette adolescente de plus en plus rebelle face aux injonctions qui lui sont faites confirme ainsi la nécessité de continuer la lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes, en particulier à travers l’éducation sexuelle.
Juriste et doctorante engagée pour la défense des droits sexuels et procréatifs des femmes et plus généralement de l’égalité entre les genres, elle a été bercée en partie grâce à Simone, Yvonne, Gisèle, Hélène, Françoise et les autres, par la maïeutique des mots et des êtres humains depuis sa propre naissance.