Après le Le Guide féministe de la grossesse, Pihla Hintikka et Elisa Rigoulet récidivent avec ce livre (très justement sous-titré « guide pour une parentalité féministe »), histoire d’accompagner les nouveaux parents sur le chemin d’une éducation non-genrée.
S’attaquer à l’éducation est indispensable. C’est même la base. Parce que si on veut que les choses changent, nous devons éduquer nos enfants autrement pour qu’ils n’aient pas à déconstruire ensuite un à un les stéréotypes de genre. Et le postulat du livre est simple : il faudrait élever les garçons comme les filles. Pourtant ce n’est pas si évident. Les femmes se sont emparées de nombreuses luttes et les petites filles sont de plus en plus encouragées à s’extirper du cliché de la princesse mais qu’en est-il des garçons ? Pas si évident, comme le raconte Pihla à travers une anecdote personnelle sur son fils, seul garçon invité à l’anniversaire d’une copine et qui, dès l’invitation, a eu droit à un traitement différent qu’il n’a pas compris : une carte avec un dinosaure et non des paillettes. Il est donc urgent de se questionner sur les pressions sociales et notre propre influence sinon, comme l’écrit l’autrice « on reproduit une vision sexiste que nous avons nous-mêmes apprise et qui renforce les inégalités« .
Comme le précédent, le guide se découpe en 9 chapitres mais ici, on ne suit plus les mois, mais plutôt les grandes étapes de développement du bébé de 0 à 3 ans. On y parle en vrac des vaccins, des caprices, d’addiction aux écrans, de la tétine, de diversification alimentaire, de l’acquisition de la propreté mais surtout des congés parentaux, de langage, de la répartition des tâches dans le couple (avec des idées pour en discuter), de la performativité du genre, d’instinct maternel (spoiler, il n’existe pas) ou encore du mum-shaming (oui, sans surprise, socialement on fait encore beaucoup peser sur les mères en termes de responsabilité familiale). Récits personnels, interviews de professionnel·le·s, chiffres et conseils pratiques se croisent pour mettre en lumière les habitudes et les mécanismes profonds qui produisent, dès la naissance, les inégalités de demain et pour dégommer avec humour les clichés sexistes. Mention spéciale au chapitre consacré à la littérature jeunesse et à la jolie sélection de livres pour enfants non-sexistes.
Un guide ludique, simple, très accessible, inclusif et déculpabilisant qui se conclut avec un objectif motivant et plein d’espoir : « se libérer pour leur donner la possibilité d’être libres ». À nous de jouer !
Fille-Garçon, même éducation, éditions Marabout, 15,90 euros.
Comédienne, co-directrice artistique du collectif Lilalune etc, Marie-Emilie s’intéresse particulièrement à la question des femmes dans son travail scénique. Peut-être parce qu’elle a étudié le journalisme et qu’elle voit tout texte comme une matière vivante, elle a également initié des « lectures citoyennes » : reflets de questionnements liés à un thème d’actualité, assemblage de regards et de textes, menées à trois voix. La dernière en date s’appelait « Féministe, ta mère »! C’est donc tout naturellement que sa passion des mots et son engagement féministe l’ont menée à partager ses lectures sur Missives.