Après Les Sentiments amoureux du Prince Charles qui s’intéressait à la relation amoureuse et mettait un peu à mal nos visions du couple monogame, puis I’m every woman où Liv Strömquist lançait ses flèches sur les pires petits amis de l’histoire et l’ordre patriarcal, l’autrice de bd suédoise récidive avec La Rose la plus rouge s’épanouit, un essai graphique drôle et documenté sur le sentiment amoureux.
Le point de départ ? Leonardo DiCaprio et ses conquêtes ; c’est-à-dire : des mannequins blondes quasi toutes semblables physiquement. Et une question brûlante : pourquoi Leo ne tombe-t-il pas amoureux ? À partir de ce constat, Liv Strömquist émet plusieurs théories pour expliquer son point de vue (le sentiment amoureux se raréfie) et pour comprendre ce qu’est l’amour, notamment actuellement.
Est-ce dû à la société de consommation et sa propension au narcissisme ? Doit-on blâmer les applis de rencontre qui encouragent à voir l’autre comme un produit ? Qu’est-ce qui rend les hommes contemporains en moyenne plus complexés de l’engagement que les femmes ? Pourquoi les histoires d’amour finissent mal en général ? Et quelle serait la réponse féministe à un chagrin d’amour.
Elle en profite donc pour disséquer les comportements amoureux en 5 points : « la disparition de l’autre », « le boom du choix rationnel », « la nouvelle figure de l’homme accompli », « le désenchantement du monde » et « être super nul face à la mort ».
Comme dans chacune de ses bd, les références se bousculent : ici Beyoncé, la téléréalité, le Petit Prince, Panoramix, la poétesse Hilda Doolittle (dont un des vers sert de titre), le philosophe Byung-Chul Han et bien sûr la sociologue Eva Illouz.
Les dessins peuvent paraître sommaires, la densité de texte (avec ses orientations variables) et les pages très chargées peuvent rebuter au premier coup d’œil mais personnellement j’adore ce graphisme original et je suis épatée par l’étude fouillée, argumentée, rigoureuse et brillante qu’elle fait pour chaque sujet. Et puis il y a surtout son humour, toujours présent. Alors laissez-vous embarquer par cette analyse un peu dingue du sentiment amoureux par Liv Strömquist et vous ne pourrez plus vous arrêter de lire !
Et si vous ne connaissez pas son travail, je ne pourrais que vous encourager à commencer avec la bd L’Origine du Monde sur le sexe féminin, qui reste l’ouvrage de Liv Strömquist que j’ai préféré.
Comédienne, co-directrice artistique du collectif Lilalune etc, Marie-Emilie s’intéresse particulièrement à la question des femmes dans son travail scénique. Peut-être parce qu’elle a étudié le journalisme et qu’elle voit tout texte comme une matière vivante, elle a également initié des « lectures citoyennes » : reflets de questionnements liés à un thème d’actualité, assemblage de regards et de textes, menées à trois voix. La dernière en date s’appelait « Féministe, ta mère »! C’est donc tout naturellement que sa passion des mots et son engagement féministe l’ont menée à partager ses lectures sur Missives.