Il faut lire ce livre.
J’ai eu du mal à choisir un extrait et encore plus de mal à écrire pour présenter l’ouvrage de Laurène Daycard tant il m’a bouleversée et captivée. C’est une lecture difficile, glaçante, et les larmes montent souvent à l’évocation de Géraldine, Seloua, Razia tuées par leur compagnon ou leur ex mais aussi en découvrant les vies brisées de leurs proches ou le témoignage de femmes rescapées.
Mais c’est une enquête essentielle, sensible, intime et incroyablement fouillée sur la violence, sur la source des féminicides et sur les défaillances du système pour les empêcher.
Parce que Laurène Daycard redonne vie à ces femmes hors d’une sordide rubrique de faits divers, qu’elle témoigne de celles qu’elles ont été mais surtout parce que, loin de se limiter à ce nécessaire travail de mémoire, l’autrice reconstitue les dossiers, assiste à certains procès et à des groupes de paroles pour des hommes condamnés par la justice pour violences conjugales. Et toutes ces recherches lui permettent de dégager des récurrences et de pointer les dysfonctionnements de la justice : la plupart des criminels étaient déjà connus pour des antécédents de violence (40 % de ces meurtres constituent un acte de récidive) et la plupart des victimes avaient porté plainte. Il faut que ça change, que l’impunité cesse, que les prises en charge autant que les mentalités évoluent.
Et pour cela il ne faut pas rester dans l’ignorance. Grâce à ce travail si important. Il permet à nos absentes de rester définitivement dans nos cœurs et dans nos luttes.
Entre nos lignes, la capsule sonore et littéraire de notre rubrique Missives en écoute se transforme en podcast, disponible sur la plupart des plateformes d’écoute et sur Acast.
Entre nos lignes, c’est une dose de pensées inspirantes et engagées, proposées selon l’humeur ou l’actualité, quelques lignes d’un auteur ou d’une autrice lues par la comédienne Marie-Émilie Michel.
Une lecture sans commentaire où seuls comptent les mots.
Entre nos lignes donne à entendre des extraits de romans mais aussi de la poésie, des essais, de la nouveauté comme du classique mais des livres toujours osés et féministes, au sens large !
Comédienne, co-directrice artistique du collectif Lilalune etc, Marie-Emilie s’intéresse particulièrement à la question des femmes dans son travail scénique. Peut-être parce qu’elle a étudié le journalisme et qu’elle voit tout texte comme une matière vivante, elle a également initié des « lectures citoyennes » : reflets de questionnements liés à un thème d’actualité, assemblage de regards et de textes, menées à trois voix. La dernière en date s’appelait « Féministe, ta mère »! C’est donc tout naturellement que sa passion des mots et son engagement féministe l’ont menée à partager ses lectures sur Missives.