Je pleure encore la beauté du monde de Charlotte McConaghy : un livre qui transperce !

Inti Flynn, jeune biologiste australienne, arrive en Écosse pour y diriger un programme de réintroduction de loups… espérant trouver dans les espaces sauvages des Highlands un refuge loin des hommes et de leurs violences. Elle s’y confronte à l’hostilité des ranchers locaux, à ses propres démons intérieurs, puis à ses préjugés, lorsqu’un cadavre humain est découvert mutilé quelques semaines après l’arrivée des loups.

Ce roman haletant et à l’écriture magnifique tisse un parallèle édifiant entre les violences des hommes envers les femmes (et les hommes… finalement), et les violences de l’Homme sur la nature. Un questionnement complexe qui interroge : comment sort-on de cette violence, de cette volonté de domination, de contrôle (même dans les projets naturalistes on cherche à contrôler) ? Comment construire des liens d’Amour, d’équilibre, … quand cet espace si sensible, si vulnérable en nous, a été brisé ?

C’est l’histoire d’un raccommodage. Envers et contre toutes les peurs, les protections, les « plus-jamais ». Contre l’isolement et la défiance qui tuent à petit feu bien plus sûrement qu’ils ne protègent.

On voyage en Alaska, au Yellowstone, on s’immerge dans les Highlands sur la trace des loups et de l’élan vital qu’ils insufflent à leur insu dans les espaces qu’ils habitent, qu’ils ré-habitent.

Un élan vital qui vient toucher jusque dans le cœur des hommes de ces espaces, allumer quelque chose d’imperceptible en nous. Mais essentiel. Notre part Sauvage.

On navigue sans cesse sous les frontières établies du bien, du mal, du vrai, du faux, du mensonge, de la folie. Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est normal ? A quoi se fier, à qui se fier pour poser les bons choix, faire ce qui est bon et juste pour soi et le monde ?

Ce roman-conte nous invite à écouter… écouter la forêt, les loups, nos langages du corps et du cœur, le Sauvage, pour savoir capter le pire comme le meilleur. Discerner par nos sens. Et de là, choisir le chemin de la confiance, de la relation aux autres, de sa meute. Oser, même quand on n’y croyait plus.

….. Sous peine de mourir lentement de ce vide immense, de solitude et de faim.

(Il y a des passages d’une beauté absolue et quelques uns d’une violence difficile à soutenir… je préviens… )